Liberté chérie
Liberté chérie, celle que j’ai choisie,
En toute conscience, sans préavis.
Celle qui m’appartient, celle que je tiens,
Sur celle que je veille au quotidien.
Je ne dois pas la perdre, ni la malmener,
Sans cesse ni repos, je m’épuise à la ramener.
Je m’y suis asservie, attachée à un fil,
Quand je crois la tenir, sitôt elle se défile.
Je l’ai voulue, réclamée comme un dû,
Un temps, je l’ai eue, elle m’a appartenue.
En mon pouvoir, ne m’a pas convaincue,
Pour m’y être noyée, pour m’y être perdue.
J’étais envasée, comme emprisonnée,
Déboussolée, je l’ai abandonnée.
Pour m’y retrouver, en jachère elle est restée,
Juste pour un temps, naguère l’ai rappelée.
Pour l’avoir regrettée, à nouveau l’ai convoitée
Ne pouvant vivre sans elle, mon déni ai ravalé.
Afin de la reconquérir, j’agis avec prudence,
Je l’apprivoise, la fidélise dans la constance.
Pour ne plus la perdre, depuis je la cultive,
Point trop n’en faut pour qu’elle revive.
Par petites doses, avec sagesse, je l’utilise,
Il en faudrait peu pour que je m’enlise.
Je ne tiens pas à faire un tour de voltige,
C’est qu’à mon âge, je crains le vertige.
© Rose Thoron
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Libre comme l’air
Fait comme l’oiseau
vit d’air pur et d’eau fraîche
D’un peu de chasse et de pêche
Jamais rien ne l’empêche
D’aller plus haut l’oiseau
Ivre de liberté il vole à tire d’aile
Depuis qu’il a quitté celles de sa mère
Des cieux, il admire des pays merveilleux
Pique du bec en plongeons vertigineux
Loopings et rase-mottes sont ses jeux
Il croise dans son sillage des émigrants
Tantôt vers le sud tantôt vers le nord
Quel bonheur de voler avec le vent
Rien ne l’arrête cependant
D’aller plus haut, d’aller plus loin
Néanmoins il plane et réfléchit
La Camargue est son paradis
Marécages et nourriture c’est Byzance
L’âme sœur il la reconnaîtra
Il a confiance
Flamants roses et hérons blancs le salue
Univers bleu pour les créatures du bon dieu
La saison printanière est savoureuse
Il frôle des massifs de roseaux
Il me faut un nid pour la nuit
Traverse à grande vitesse
Les étangs d’eau poissonneuse
Rempli ses yeux de mille merveilles
Trouve des amis qui sommeillent
Les rejoint après un si long voyage
Prépare un amerrissage perieux
Un grand bruit…et plus rien
En ce lieu qu’il a pris soin de choisir
L’étang le reçoit pour mourir
C’était pourtant un si beau printemps
Vas mon chien apporte
Tu vois mon fils c’est une bonne chasse
Un beau col vert
Çà fera plaisir à ta mère
C’est vrai papa c’est beau d’être ici
On se sent libre
© NASTASI Sylvia
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La liberté
La liberté a, malgré tout, ses limites, le respect des autres et de soi-même
Liberté, ce mot de sept lettres, si restreint dans son orthographe
Mais représentant pourtant l’immensité du rêve de chaque être humain
Liberté, mot qui résonne comme un mirage pour tous ceux
Qui sont incarcérés ou qui résident sous la dictature
Dans ces cas désespérés aucun sacrifice n’est assez grand pour parvenir à atteindre
Cette liberté tant espérée
Tant de peuples ont combattu et combattrons
Tant d’hommes sont morts et mourront pour cet idéal
La liberté n’est jamais complètement appliquée, malgré l’évolution de la vie
A travers les siècles
Si à la liberté on veut associer le mot justice ou égalité
Tout se complique,
Suivant que l’on soit riche ou pauvre, même sous la démocratie
Quant à la liberté de penser
Suivant l’appartenance politique ou religieuse des microcosmes du moment
Elle est toute relative et toujours remise en question
La liberté, il faut toujours la défendre lorsqu’elle est bafouée
Et, en même temps, on lui demande toujours plus
Il faut aussi s’efforcer de la voir et de la garder
Lorsqu’on a la chance de vivre avec
Liberté, tu n’es pas seulement destinée à être lue dans les devises
Ou chantée dans les hymnes
Mais tu devrais être inscrite en lettre d’or
Sur le front de chacun de nous
Et ainsi perpétuellement respectée
© Marie-Thérèse Martinon
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Je n’ai pas pris la liberté
Je n’ai pas pris la liberté de dire que je t’aimais,
Ni celle d’écouter mes désirs se conjuguer aux tiens.
Je n’ai pas pris la liberté de t’épouser,
Ni celle de convoler en d’injustes liaisons.
Je n’ai pas pris la liberté de te dire « va-t-en ! »,
Ni celle de partir vers de plus doux rivages.
Je n’ai pas pris la liberté de dire mon opinion,
Ni celle de clamer haut et fort ma rébellion.
Je n’ai pas pris la liberté de penser par moi-même,
Et j’ai perdu le sens des choses, l’important, l’essentiel.
Je n’ai pas pris la liberté de me sentir solidaire,
Et je croupis dans l’inaction, le confort, solitaire.
Je n’ai pas pris la liberté de construire des barrages
Pour retenir le temps, la jeunesse, les élans.
Je n’ai pas pris la liberté de vivre à mon rythme,
Ni celle d’allonger le pas pour raccourcir l’espace qui me sépare de toi.
Je n’ai pas pris la liberté d’être volage,
Ni celle d’être inconstant, frivole et bavard.
Je n’ai pas pris la liberté de faire n’importe quoi.
Qu’importe !
Je prends la liberté de vouloir être heureux.
Je commence aujourd’hui.
Prends la liberté de me venir me rejoindre.
© Dominique Cano